Révolution et contre-révolution dans l’institution du travail - L'entreprise

03/03/2021     DANIEL BACHET ET BENOÎT BORRITS , AVEC OLIVIER FAVEREAU , JACQUES RICHARD , FRANÇOIS MORIN , HERVÉ DEFALVARD , THOMAS COUTROT , ET LA PARTICIPATION DES GROUPES LOCAUX GRAND-PARIS ET ESSONNE DE RÉSEAU SALARIAT    -  EDITEUR:  RÉSEAU SALARIAT

Révolution et contre-révolution dans l’institution du travail - L'entreprise

L’association d’éducation populaire Réseau Salariat promeut l’extension du salaire à la qualification personnelle comme voie de sortie du capitalisme. Elle s’appuie sur des outils et des institutions existant à l’échelle macropolitique (régime général de la Sécurité sociale, statut des fonctionnaires, etc.) pour élaborer et diffuser des propositions concrètes de développement des droits économiques. Son ambition affirmée de généraliser le salaire attaché à la personne (parfois appelé « salaire à vie ») s’appuie sur une redéfinition du travail et du statut de producteur. Son accomplissement supposerait l’instauration d’une copropriété d’usage des moyens de production ainsi qu’une forte socialisation de la valeur économique afin de garantir à toutes et tous une qualification inaliénable et une souveraineté au travail, notamment au sein l’entreprise.

De tels progrès entraîneraient nécessairement un bouleversement du régime de propriété des sociétés et une mutation de l’organisation des collectifs de travail. Ainsi, les militant⋅e⋅s de Réseau Salariat sont régulièrement amené⋅e⋅s à s’interroger sur les modèles d’entreprises alternatifs à la société de capitaux (SAPO1, SCIC2, SCOP3, etc.) ainsi que sur différentes formes d’organisation du travail potentiellement émancipatrices de la logique capitaliste : associations, collectifs informels, services publics, ZAD, etc. Malheureusement, bien que nous disposions de connaissances élémentaires en la matière, nous pêchons encore par manque d’expérience et d’éléments théoriques. À ce jour, l’articulation de nos perspectives macro-institutionnelles avec le fonctionnement réel de l’entreprise reste embryonnaire.

Pour palier ces lacunes, nous avons invité Daniel Bachet4 et Benoît Borrits5 à élaborer le programme d’une saison de notre séminaire consacrée à l’entreprise. Ils nous ont fait le plaisir de préparer une série de neuf séances qui permettent d’avoir une vue d’ensemble de la question en des termes comptables, économiques, sociologiques et juridiques.

Nous remercions tous les intervenants qui ont accepté de présenter leurs travaux et de les soumettre au débat, parfois même à la controverse. Comme vous pourrez le constater à la lecture de ce document, les échanges ont été riches et animés. Différentes disciplines et traditions de pensées se sont retrouvées en contact à l’occasion de ce cycle de conférences. C’est ce que nous escomptions, car l’objectif n’était pas de diffuser un discours univoque, mais de mettre les thèses portées par Réseau Salariat à l’épreuve de réflexions voisines et par certains aspects contradictoires.

Avec l’indispensable concours de Daniel Bachet et Benoît Borrits, nous avons pu proposer une série de présentations privilégiant l’ouverture et la confrontation théorique sur le thème de l’entreprise et son monde. Nous formulons le vœu que les éléments de ce dossier puissent servir à outiller le mouvement social, à inspirer des formations politiques et à équiper les nombreuses personnes qui se lancent dans la création d’entreprises alternatives. À l’heure de la pandémie, au moment où les méfaits d’une économie capitaliste destructrice et bornée éclatent au grand jour, nous pensons qu’il est de notre devoir d’initier et de relayer des débats de fond, exigeants et susceptibles d’être transposés dans les actes.

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