Poursuivre la construction du salaire, de la production et du travail communistes. Du salaire capitaliste au salaire communiste
18:30 - 21:30
Pantin
Catégories | Formation Rencontre |
Intervenants | Bernard Friot |
Organisateurs | PCF 93 |
À l’initiative de la Fédération de Seine-Saint-Denis du PCF, Bernard Friot animera trois séances de formation ouvertes à toutes et tous :
- le vendredi 2 décembre : “Du salaire capitaliste au salaire communiste”
- le mardi 6 décembre : “De l’avance en capital à l’avance en salaire, fondement d’une production communiste”
- le mardi 10 janvier : “Du travail capitaliste au travail communiste”
Au programme de la 1ère séance (02/12)
L’inversion capitaliste de la production
Comment la production apparaît à l’envers à la surface de la société capitaliste et comment l’économie bourgeoise (enseignée dans les universités et diffusée dans les médias) répète ces apparences qui présentent la réalité du capital à l’envers et font disparaître le rôle décisif du travail humain et des travailleurs dans l’accomplissement de la production. Comment ces apparences sont répétées tous les jours, habitent bien des têtes et comment les militant.e.s ne doivent pas en être dupes.
Les étapes de la production capitaliste | Bourgeoisie capitaliste | Religion d’État / Sacré | Travailleurs |
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1. Avance en capital : création monétaire (banques), prêts, actions (marchés financiers) | Prêteurs, actionnaires, propriétaires | Dogme 1 : le crédit | Endettés / Subordonnés |
2. Investissement : matières premières, outils, consommations intermédiaires | Investisseurs | Dogme 2 : l’investissement | Aliénés / Séparés des fins et des moyens du travail |
3. Production des biens et services finaux | Producteurs, décident de la production | L’inversion capitaliste | Coût (Dépense de travail) Disparus |
4. Validation de cette production sur le marché | Opérateurs de marché | Dogme 3 : le marché révélateur des besoins | Soumis à l’aléa, précaires |
5. Remboursement des prêteurs, dividende des actionnaires, provisions | Mettent en valeur leur capital | Dogme 4 : remboursement de la dette, rémunération du risque | Exploités |
6. Versement des salaires ou bénéfice des travailleurs indépendants | Dogme 5 : valeur travail, salaire résultat | Payés à la tâche |
Du salaire capitaliste au salaire communiste
Parcours historique : Comment la lutte des classes a construit au XXe siècle un autre statut du travailleur et comment se sont établies les prémices d’un salaire communiste :
- Ce que nous laisse la Révolution française (le contrat de louage d’ouvrage, avec le jeu à trois d’un capitaliste donneur d’ordre, d’un marchandeur, des faiseurs d’ouvrage - qu’on va bientôt appeler les ouvriers et qui ne sont rien). Le travail n’est pas encore institué et les activités productives relèvent d’un simple contrat commercial.
- Le capital et le salaire selon Marx : la situation misérable et dramatique de celles et ceux qu’on commence à appeler des salariés à son époque est marquée par ce qu’il appelle “le despotisme des fabriques”. La conclusion révolutionnaire qu’il en tire est qu’il faut abolir le salariat.
- Comment la lutte de classe va modifier le contenu du salariat et le transformer profondément, pour en faire une arme contre le capitalisme. Ou comment est-on passé de l’infra-emploi (le salaire à la tâche du capitalisme initial, cohérent avec le travail capitaliste) à l’emploi (avec le code du travail en 1910, les conventions collectives à partir de 1919, le salaire à la qualification du poste de travail) puis à l’au-delà de l’emploi (le salaire à la qualification passant du poste de travail à la personne du travailleur). Les luttes considérables menées par la CGT (fondée en 1895) vont rendre possible à partir de 1946 le statut de la fonction publique (Maurice Thorez), le régime général de sécurité sociale (Ambroise Croizat) et plus tard l’Unedic. Le fonctionnaire est désormais payé non pour ce qu’il fait ou pour le poste qu’il occupe (comme c’est toujours le cas dans le privé), mais pour ce qu’il est (sa qualification ou son grade). Ainsi on arrive à un salaire complètement sorti de la logique capitaliste : un salaire sans chômage, un déjà-là du communisme qu’il faut amplifier et généraliser. Aujourd’hui : 17 millions de personnes sont d’une façon ou une autre rétribuées à la qualification personnelle. Passer du tiers des majeurs actuels à leur totalité : un enjeu actuel de la lutte des classes (faire du salaire à la qualification personnelle un droit politique valable pour tous et toutes).
- Selon la définition capitaliste, le travailleur est celui qui est au travail, et celui qui n’est pas au travail est un chômeur ou un futur travailleur (un jeune qui doit d’abord s’insérer dans la production) ou un ancien travailleur (un retraité). Selon sa définition communiste, le travailleur est celui ou celle qui, quelle que soit son activité, est reconnu dans sa personne comme souverain sur son travail et le travail social, comme possédant la qualification lui permettant d’être reconnu comme en capacité et en responsabilité de la production de valeur économique. Le salaire est déconnecté de l’accomplissement d’une tâche. Il n’est plus un simple pouvoir d’achat, mais la reconnaissance d’un niveau de qualification qui permet à chacune et chacun d’être codécideur de la production de valeur de sa majorité à sa mort. Élargir la citoyenneté qui vaut aujourd’hui de 18 ans à la mort sur “la chose politique”, réduite au droit de vote et à l’éligibilité, en y incluant les droits de souveraineté sur la production, qui est précisément le cœur de la chose publique. Les trois droits de citoyenneté communiste, à attribuer automatiquement le jour de la majorité, sont, outre le droit à la qualification personnelle, le droit à la propriété d’usage sur l’outil de travail et le droit de co–décision dans tous les lieux de coordination économique et de création monétaire.
- Un enjeu actuel : conquérir la souveraineté sur le travail est une nécessité pour sortir de la “dé–civilisation capitaliste” (Lucien Sève) et de la “souffrance au travail”, pour réussir la rupture écologique et pour faire reculer le ressentiment qui conduit à l’abstention ou au fascisme (haine de l’étranger).
- Aujourd’hui il ne faut pas reculer sur le niveau de ces “conquis” qui libèrent les travailleurs du marché du travail. Quelle différence entre “le salaire à vie” proposé ici et “le revenu universel” (Hamon), ou la “sécurité d’emploi et de formation” (PCF) ou “l’Etat comme employeur en dernier recours” (France insoumise) ? Ce n’est pas “le contrat de travail” permanent et pour tous qu’il faut revendiquer, mais le droit à la qualification personnelle pour tous, comme institution de la souveraineté sur le travail pour tous.
NB : un des enjeux de la rencontre sera de bien poser, dans son lien au travail concret et au travail abstrait, le terme de “qualification” (à bien distinguer de certification, possession d’un diplôme), un conquis de classe combattu sans relâche par la classe dirigeante.
Rendez-vous à la fédération du PCF 93, 14 rue Victor Hugo à Pantin, dès 18h30.