Créons ensemble la Sécurité sociale de la culture!

25/03/2025     LE GROUPE CULTURE DE RÉSEAU SALARIAT

    C’est la consternation dans les milieux de la culture: nos élu·es nous coupent les vivres ! Après la région Pays de la Loire et la Charente-Maritime, c’est le conseil départemental de l’Hérault qui a décidé de fermer le robinet. On parle de coupes budgétaires historiques – de 50 à 100% de crédits en moins. Sur les réseaux sociaux, nos collègues sont effaré·es. Personne ne semblait s’attendre à une telle violence de la part de collectivités parfois dirigées par des formations classées à gauche.

    Pourtant, c’est une leçon récurrente de notre histoire: tant que nous déléguons la gestion de nos intérêts communs à une classe politique autonome, qui plus est solidaire des capitalistes, nous restons des travailleur·ses fragiles et subordonné·es. Des mineur·es irresponsables attendant que de grandes personnes décident de notre avenir. Et pendant ce temps, nous produisons à leur profit (économique ou symbolique), à leurs conditions et pour dessiner un paysage culturel qui, en définitive, leur convient.

    Plus récemment, c’est le chœur de Toulon qui s’est vu rayé d’un trait de plume par le conseil d’administration de l’Opéra. Ce dernier a ensuite interrompu la procédure de licenciement en attendant l’avis de la Cour des comptes, mais comme l’a dit un élu local, «c’est reculer pour mieux sauter».

    Dans nos milieux se multiplient les indignations, les pétitions et les déclarations de soutien. Autant de méthodes qui ont fait la preuve de leur inefficacité. Désormais, deux choix s’offrent à nous:

    1. D’un côté, laisser le capitalisme et une poignée de notables gérer nos vies, et répéter le récit qu’ils nous servent: dépenses de culture, dépenses de santé, dépenses d’éducation, dépenses sociales, etc. Comme si la valeur ne pouvait être produite que dans la sphère capitaliste avant d’être redistribuée à des fins culturelles, sanitaires, éducatives ou sociales, avec les crises comme aléas: « Vous comprenez, avec la conjoncture… Serrez-vous la ceinture et demain, peut-être que les choses s’arrangeront ».

    2. Ou alors, assumer le déjà-là communiste que constitue notre production. Oui, les travailleur·ses de la culture créent la valeur qui s’exprime dans les subventions qui leur sont allouées. Un·e artiste, un·e technicien·ne, une compagnie ou un centre d’art ne coûte rien à personne. Sans leur travail, les financements ne seraient pas affectés et le PIB baisserait de la même manière que lorsqu’une entreprise du privé disparaît. En réalité, il n’y a pas de dépenses publiques, il n’y a que des alternatives au mode de production capitaliste.

    Personne ne dit que la fabrication de véhicules individuels (pourtant contestable) est une « dépense d’automobile », alors pourquoi s’y abandonner quand il s’agit de services publics?

    Les capitalistes et leurs représentant·es politiques nous répètent à longueur de journée qu’un·e travailleur·se n’est productif·ve que s’il ou elle met en valeur le capital d’un propriétaire lucratif (actionnaire, sociétaire, prêteur, etc.). Cessons d’accréditer ces horreurs.

    Il est temps d’affirmer qu’il existe deux modes de production. Le premier, capitaliste, nous emmène dans le mur à tous les niveaux (anthropologique, environnemental, etc.). Le second, communiste, est celui qu’assument les enseignant·es, les soignant·es de l’hôpital public, les retraité·es bénéficiant d’une pension au moins égale au Smic, et les artistes dont les revenus proviennent de subventions ou de l’indemnisation du régime de l’intermittence.

    Le travail n’est pas ce qu’en disent nos dirigeant·es. Ne nous épuisons pas à solliciter leur attention et posons les premiers jalons d’une Sécurité sociale de la culture.

    Pourquoi une Sécurité sociale de la culture?

    Mettre un secteur d’activité en sécurité sociale, c’est le sortir de la sphère d’influence capitaliste et le placer sous contrôle populaire. C’est ce qui permet de changer le statut de ses travailleur·ses et de le financer différemment. Nous avons les outils pour le faire: subvention, démocratie sociale et conventionnement.

    Militant·es dans les syndicats, les partis et le mouvement associatif; citoyen·nes engagé·es; salarié·es du privé, fonctionnaires, intérimaires, indépendant·es, chômeur·ses, étudiant·es et retraité·es,

    Mettons-nous à l’école de notre classe, celle des travailleur·ses.

    Assumons ce qu’il y a de révolutionnaire dans ce qu’ont bâti nos prédécesseur·es et étendons ces conquêtes afin de construire le communisme au présent.

    Le groupe culture de Réseau Salariat

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